histoire

 A la découverte (d’une partie) du patrimoine et de l’histoire de Verteillac

la formation du bourg de verteillac

 L’histoire de Verteillac est mal connue, et difficile à décrypter dans ce que l’on peut relever des observations sur le site et par les documents.

  Cependant, en observant le bâti, les maisons les plus anciennes et les traces décelables ici et là dans les façades et les soubassements, on peut remarquer que d’une manière systématique, tous ces éléments datent de la deuxième moitié du XVème siècle, donc de la fin de la guerre de cent ans. Les quelques vestiges du château en réemploi dans deux maisons voisines construites avec ses démolitions, datent de cette même époque, en particulier une pierre sculptée d’un écu en bannière, écartelé aux armes Salagnac et La Tour, sur laquelle nous reviendrons.

On sait aussi par un document de 1672 détaillé plus loin, que le bourg aurait été construit de toutes pièces par un seigneur “lotisseur“, de manière régulière, un peu comme une “ville neuve“ ou bastide. Cela est cohérent avec les datations vues sur le terrain, et avec plan le parcellaire qui a peu évolué : une trame régulière et structurée géométriquement. La fondation originelle est cependant antérieure, puisque l’église est mentionnée dès le XIème siècle, et la paroisse au XIIIème siècle. On en déduit que, peut-être à la suite de destructions ou d’abandons consécutifs à la guerre de 100 ans, le village aurait été rebâti pratiquement d’une traite, de manière programmée, avec un repaire noble ou château siège d’une petite châtellenie, donc sur les bases d’un bourg prieural primitif aggloméré autour de son église. 

 

 En effet à peu près dans le même temps, à la charnière des XIVème et XVème siècles, Verteillac tout en restant un fief dépendant du  Chapdeuil, devient une seigneurie distincte (qui sera citée encore comme repaire noble avec justice au XVIIIème siècle). Et, coïncidant curieusement avec cette mutation, la châtellenie du Chapdeuil avec Verteillac se divise par partage en deux coseigneuries, entre deux lignées distinctes, et ce pendant environ 200 ans. De  nombreux sites castraux dans le sud-ouest, connaissent cette situation indivise, les coseigneurs se partageant soit les parties d’un château ou d’une tour, soit des périodes d’occupation. A Verteillac, cette particularité pourrait expliquer l’existence des deux châteaux, le haut et le bas, mais cela reste à vérifier

Verteillac avant 1700 (interprétation)
Verteillac aujourd'hui

les labrousse

C’est dans la deuxième moitié du XVIIème siècle que la famille de Labrousse va prendre possession et rassembler les deux rameaux de la coseigneurie de Verteillac, désormais détachée de celle du Chapdeuil. Cette famille, originaire du Limousin et du Nontronnais, s’est illustrée par l’épée dès le XIVème siècle. Ses faits d’armes et ses alliances à la fin du XVIIème et au XVIIIème siècle, l’ont entraînée dans une ascension qui l’a rapprochée de la cour, c’est ainsi qu’elle acquiert le château du Parterre à Dourdan près de Paris. Derniers seigneurs de Verteillac, Ce sont les Labrousse que l’histoire locale a retenue et qui ont donné leurs armes à la commune : “d’or au chêne terrassé de sinople, fruité de douze glands d’or, au chef d’azur, chargé de trois étoiles d’or“, avec la devise : “oncques ne rebrousse“

Les Labrousse ne se satisferont pas de réunir la terre de Verteillac, puisqu’ils achètent en 1738 la baronnie de La Tour Blanche dont ils reprennent aussi le titre, réunissant ainsi l’ensemble des anciennes possessions de la famille de La Tour. (Voir le tableau en annexe 2)

 

  C’est donc Thibaud de Labrousse, né en 1610, chevalier, seigneur de La Pouyade, époux de Bertrande du Chesne, qui devient seigneur de Verteillac de cette lignée. Il achète la partie du bien venant de la lignée Salagnac en 1656, à Jean de Gontaut d’Auriole, comte de Cabrères. On ne  voit pas directement le lien avec les Salagnac-Toucheboeuf, mais il apparaît que ce n’est qu’en 1674 que le paiement finit d’être acquitté, au profit de Jacques Victor de Toucheboeuf, dans le cadre d’une transaction semble-t-il complexe. On ne sait pas comment Thibaud (ou son cousin ?) a acquis l’autre partie de la seigneurie issue des Foucault de Pontbriand, peut-être par le mariage de sa fille Dauphine avec Isaac de Fayolle seigneur du Chapdeuil ? En 1658, Thibaud de Labrousse baron d’Athis, son cousin, décède en effet dans son “château bas“ sans que l’on sache d’où il l’a acquis, ni s’il constituait une part de la coseigneurie.

Blason des Labrousse

Le premier établissement scolaire connu à Verteillac

La première école connue est instituée par une fondation en date du 15 septembre 1662, par Jeanne de Labrousse, religieuse professe carmélite et veuve de Jean de Salignac comte de Rochefort par laquelle elle donne “ … une grande et spacieuse maison … assise au bourg de Verteillac… avec son enclos et son jardin et avec les 2 métairies appelées de Ganage et de Pompidour plus 2 paires de bœufs, avec droits et dépendances, pour établir et fonder une communauté de religieux qui vaquerait à faire les offices de leur ordre et à instruire la jeunesse dudit lieu, à faire des doctrines et à donner des assistances spirituelles à M. le curé de la paroisse…“ 

La donation se fait à l’origine au profit des révérends pères de la doctrine chrétienne, mais qui ne souhaiteront pas poursuivre leur mission. Par un acte du 4 janvier 1672, Thibaud de Labrousse baron d’Athis, frère et héritier de la donatrice, stipule que les doctrinaires ont renoncé à la donation et l’ont remise entre ses mains,  qu’il l’a offerte aux pères carmes lesquels la lui ont restituée à leur tour. Après de nombreuses recherches, il s’adresse aux chanoines réguliers de Sainte Croix de Saint Augustin, à charge pour eux de maintenir une communauté de 6 religieux dont 5 prêtres au moins. En cas d’abandon, les biens doivent revenir aux héritiers du baron d’Athis. Les religieux doivent ériger une chapelle dédiée à Saint Joseph fuyant en Egypte, doivent célébrer une messe basse tous les vendredis pour les fondateurs, célébrer 5 anniversaires et chanter 5 messes hautes. Ils doivent faire le catéchisme chez eux, et assister le curé dans l’administration des sacrements.

Ecole des filles
En 1 : école des garçons tenue par les religieux de St Croix. En 2 : écoles des filles tenues par les religieuses de Sainte Marthe

Le 31 janvier 1672 se tient une assemblée sous la halle de Verteillac, constituée de la communauté “des nobles, bourgeois et autre habitants dudit lieu, de la plus saine et majeure partie d’iceux, du juge ordinaire de la châtellenie, du clerc syndic de la paroisse, du procureur d’office,“ au cours de laquelle il est rappelé les conditions de la donation, délibéré sur sa grande utilité pour la paroisse, “n’ayant que le seul curé à cause que la dîme est annexée à l’archidiaconat de Périgueux… que quelque diligence qu’il y apporte, n’est pas suffisant tout seul à confesser et instruire le grand nombre de paroissiens qui sont près de mille communiants…“  Il est rappelé aussi que les religieux de Sainte Croix ne seront pas à la charge de la paroisse, considérant que “la fondation est suffisante et abondante en denrées qui sont à bon marché dans ce pays pour la nourriture et entretien des religieux… qu’il ne sont pas des mendiants… mais au contraire profitables au public selon qu’il a expérimenté par le commencement de leurs charités spirituelles que gratuitement ils ont déjà rendues à la paroisse…“

Le 6 février suivant se tient une autre assemblée pour délibérer sur la requête que l’accomplissement de la fondation “ne souffre aucun retardement“, et que les patentes soient accordées sans délai pour l’établissement des religieux. On va même requérir l’avis du “sieur Lelong, conseiller du roi, magistrat en la sénéchaussée au présidial de Périgueux, trouvé en sa maison noble et fief de la Meyfrenie,…“ qui approuve le sentiment de l’assemblée sur l’absolue nécessité de cet établissement, “pour la gloire de Dieu et pour le salut des habitants…“

Cet établissement était à la place d’une maison appartenant à la commune et bâtie au milieu du XIXème siècle, voisine des établissements Merlaud. Au début du XXème siècle elle était connue sous le nom de maison Amadieu, elle est devenue plus tard perception et poste, et abrite aujourd’hui l’ADMR

    A la fin du XIX° siècle, il y aura deux écoles à Verteillac, l’une avec 80 garçons et l’autre avec 60 filles. Celle des filles est dirigée par les religieuses de Sainte Marthe, et fondée par la commune. Les bâtiments existent encore et sont situés dans la rue qui portait jusqu’à peu le nom peu accueillant de rue des abattoirs,  et récemment rebaptisée, rue de la Vieille Ecole. L’école principale était sur la parcelle la plus importante (N°408), avec des classes annexes dans la maison plus petite (parcelle N°414). Ces deux bâtiments ont été utilisés jusqu’avant la première guerre, époque à laquelle la nouvelle école a été terminée.

En 1882, un rapport de l’inspecteur primaire sur l’instruction à Verteillac estimait la capacité d’accueil de l’école insuffisante…. ce n’est qu’en 1910 que commence la construction de la nouvelle école, route de Ribérac, qui s’achèvera en 1911.